On a récemment parlé du Pérail, fromage de brebis du Sud-Aveyron, qui vient d’obtenir son IGP. Cet exemple illustre l’importance croissante des signes officiels de qualité dans la filière laitière française. Pour les producteurs, décrocher un label AOP ou IGP, c’est bien plus qu’une distinction : c’est la reconnaissance d’un terroir, d’un savoir-faire collectif et d’un engagement durable envers la qualité.
L’obtention d’une Appellation d’Origine Protégée (AOP) ou d’une Indication Géographique Protégée (IGP) constitue l’une des plus hautes formes de valorisation pour un produit laitier. Ces signes européens de qualité sont garants d’une origine, d’un savoir-faire et d’un lien fort entre un produit et son territoire.
À l’heure où les consommateurs réclament authenticité et traçabilité, les labels AOP et IGP permettent aux producteurs de se démarquer sur un marché en quête de sens et d’identité.
AOP et IGP : deux labels complémentaires
Selon le Ministère de l’Agriculture, les AOP et les IGP ont un objectif commun : protéger et promouvoir l’origine géographique et les savoir-faire traditionnels. L’AOP crée en 1992, est le terme utilisé en Europe et son équivalent l’AOC, est lui utilisé en France.
- L’AOP (Appellation d’Origine Protégée), désigne un produit dont toutes les étapes de production, de transformation et d’élaboration sont réalisées dans une même aire géographique, selon un savoir-faire reconnu. C’est le cas par exemple du Comté, du Roquefort ou du Reblochon.
- L’IGP (Indication Géographique Protégée), quant à elle, repose sur un lien plus souple : au moins une étape de la production, de la transformation ou de l’élaboration doit avoir lieu dans la zone concernée. Elle valorise avant tout la réputation du produit et son ancrage territorial.
Ces distinctions sont au cœur de la stratégie de nombreux producteurs : elles valorisent le travail des filières locales et protègent les noms géographiques contre toute usurpation.
Une démarche collective, pilier du processus
Tout projet de reconnaissance débute par une initiative collective. Les producteurs, affineurs, laiteries et transformateurs concernés se réunissent pour défendre une identité commune. Ensemble, ils créent un Organisme de Défense et de Gestion (ODG), structure officielle chargée de coordonner la démarche et de représenter la filière auprès des pouvoirs publics.
- L’ODG élabore un cahier des charges qui définit :
- la délimitation géographique précise,
- les caractéristiques du produit,
- les méthodes de fabrication, et les critères de traçabilité et de qualité.
Ce document constitue la base de la demande. Il doit prouver que le produit tire ses qualités essentielles de son environnement géographique et du savoir-faire humain qui lui est associé.
L’instruction par l’INAO : une étape clé
Le dossier est ensuite transmis à l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), organisme public sous tutelle du Ministère de l’Agriculture. L’INAO évalue la pertinence du projet sur les plans technique, historique et territorial. Il vérifie la solidité des arguments démontrant le lien entre le produit et son origine. Une enquête publique est ensuite organisée dans la région concernée, donnant la parole à tous les acteurs locaux : les producteurs, les élus, les associations et les riverains.

Des contrôles permanents et un engagement durable
Obtenir une AOP ou une IGP n’est qu’une étape : il faut ensuite la préserver. Chaque opérateur souhaitant utiliser le label doit adhérer à l’ODG (l’Organisme de Défense et de Gestion) et se soumettre à des contrôles réguliers réalisés par des organismes indépendants agréés par l’État. Ces vérifications portent sur la conformité du produit au cahier des charges, la provenance du lait, les procédés de fabrication et l’étiquetage.
Cette vigilance constante garantit la fiabilité du label et protège la réputation de la filière.
L’AOP et l’IGP deviennent ainsi des outils puissants de protection économique, mais aussi de transmission culturelle et de valorisation des territoires.
Un levier de compétitivité pour les producteurs
Les signes de qualité européens constituent un atout majeur pour les acteurs de la filière laitière. Selon les données du Ministère de l’Agriculture, ils assurent une meilleure valorisation économique des produits, renforcent la cohésion entre producteurs et favorisent la préservation des savoir-faire régionaux.
Pour les exposants du Salon du Fromage et des Produits Laitiers, ces labels sont aussi une garantie de confiance vis-à-vis des acheteurs et importateurs internationaux. Ils témoignent d’une exigence partagée et d’une culture de la qualité qui place la France parmi les leaders mondiaux de l’excellence fromagère.
Check-list : les étapes clés pour obtenir une AOP ou une IGP
- 1. Créer un collectif Former un Organisme de Défense et de Gestion (ODG) regroupant les acteurs concernés.
- 2. Rédiger le cahier des charges Préciser les caractéristiques du produit, sa zone d’origine et les méthodes de production.
- 3. Soumettre le dossier à l’INAO L’institut vérifie la cohérence du projet et organise l’enquête publique.
- 4. Obtenir la validation nationale Le Ministère de l’Agriculture approuve la demande après un avis technique.
- 5. Recevoir la reconnaissance européenne La Commission européenne enregistre le label au Journal officiel de l’Union européenne.
- 6. Respecter les contrôles Les producteurs certifiés doivent garantir la conformité permanente du produit.
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7. Valoriser le label
Mettre en avant la reconnaissance sur les marchés, salons et supports commerciaux.
Retrouvez l’ensemble des professionnels du secteur, au Salon du Fromage et des Produits Laitiers du dimanche 7 au mardi 9 juin 2026, le rendez-vous incontournable du savoir-faire laitier français.
